INTESTIN ET CERVEAU : le dialogue permanant entre notre ventre et notre esprit

Conseils santé & bien-être

L'intestin, souvent surnommé notre "second cerveau", est au cœur d'une révolution scientifique passionnante. Au-delà de sa fonction première de digestion, il entretient une relation intime et complexe avec notre cerveau, influençant notre humeur, nos émotions et même notre comportement. Imaginez un monde où notre alimentation, les bactéries qui résident dans notre ventre et notre bien-être mental sont intrinsèquement liés. Cela ressemble à de la science-fiction, n'est-ce pas ? Pourtant, les recherches récentes dévoilent des connexions surprenantes entre notre système digestif et notre psyché. Dans cet article, nous plongeons dans le fascinant dialogue entre l'intestin et le cerveau, explorant comment le microbiote intestinal, cette communauté dense de micro-organismes qui peuple nos entrailles, joue un rôle clé dans notre santé mentale. 

De l'anxiété à la dépression, en passant par des troubles plus complexes comme l'autisme, découvrez comment notre "deuxième cerveau" influence notre état d'esprit et comment nous pourrions, grâce à des probiotiques et prébiotiques, moduler positivement notre humeur et notre bien-être général. Si vous êtes curieux de savoir comment un simple yaourt ou une fibre alimentaire pourrait potentiellement transformer votre état d'esprit, poursuivez votre lecture. Embarquez avec nous dans ce voyage fascinant à la croisée de la gastroentérologie, de la neurologie et de la psychologie.

L'un est logé dans notre tête et prend des décisions cruciales. L'autre traite ce que nous lui donnons à consommer. Bien qu'ils soient anatomiquement et fonctionnellement distincts, l'intestin et le cerveau collaborent constamment, entraînant des interactions continues. Quelle est la contribution du microbiote à cette interaction et comment peut-on l'influencer avec des probiotiques?

« Je ressens des papillons dans mon estomac », « Cela me touche profondément », « Je ne peux pas le supporter », « Je suis tendu »... Ces phrases montrent que nos sentiments se manifestent souvent au niveau digestif. Cela peut être dû aux liens entre le cerveau et l'intestin, souvent appelé le "second cerveau". Mais comment ces deux organes interagissent-ils? Et comment le microbiote intervient-il dans cette conversation?

Notre humeur peut varier selon nos bactéries intestinales

Lorsque les choses ne vont pas bien et que notre humeur change, nous évoquons souvent les circonstances, le temps, la situation socio-économique, les hormones, une mauvaise nuit, une interaction désagréable... Cependant, nous négligeons souvent l'impact de notre régime alimentaire et du microbiote intestinal, qui peuvent tous deux influencer positivement ou négativement notre état d'esprit.

Le microbiote intestinal contient environ 100 000 milliards de bactéries et autres micro-organismes qui contribuent à diverses fonctions corporelles, y compris la digestion, le métabolisme et l'immunité. Mais, comme le soulignent des experts d'une université renommée, « le microbiote intestinal affecte la physiologie du système nerveux central, l'anxiété, la dépression, le comportement social, la cognition et la douleur viscérale ». Tout changement dans notre microbiote peut influencer notre humeur et vice versa. Les changements alimentaires, les antibiotiques et les probiotiques modifient le microbiote, et ces modifications peuvent influencer le comportement humain.

Plus de la moitié des personnes souffrant d'anxiété ou de dépression ont des problèmes gastro-intestinaux. Le stress modifie la composition du microbiote intestinal. À l'inverse, des animaux sans microbiote montrent des signes d'anxiété : le microbiote affecte l'axe principal de réponse au stress. L'anxiété peut même être transmise d'un animal à l'autre par une transplantation de microbiote. De même, la transplantation de microbiote de personnes dépressives à des souris entraîne une dépression chez ces animaux.

Le microbiote a également été associé à l'autisme, une condition caractérisée par des difficultés de communication et des troubles comportementaux. Les patients autistes souffrent souvent de déséquilibre du microbiote et d'autres problèmes gastro-intestinaux, suggérant que l'intestin joue un rôle crucial dans la maladie. Une étude récente a montré qu'en modifiant la composition du microbiote des enfants autistes, il était possible d'améliorer non seulement les problèmes gastro-intestinaux mais aussi les symptômes de l'autisme.

Le cerveau et l'intestin communiquent via le système nerveux

La communication entre le cerveau et l'intestin est un domaine de recherche fascinant qui a révélé des liens profonds entre ces deux organes. Cette interaction bidirectionnelle, souvent appelée "axe cerveau-intestin", est principalement médiée par le système nerveux.

. Le nerf vague : un pont majeur

Le nerf vague est l'une des principales voies de communication entre le cerveau et l'intestin. C'est le dixième nerf crânien et il est principalement parasympathique. Il transmet des informations du cerveau à l'intestin et vice versa.

  • Du cerveau à l'intestin : Le nerf vague transmet des signaux qui peuvent influencer la motilité gastro-intestinale, la sécrétion d'acides et d'enzymes, ainsi que la fonction de la barrière intestinale.

  • De l'intestin au cerveau : Le nerf vague transmet également des informations sensorielles de l'intestin au cerveau, notamment en réponse à la distension intestinale, à la présence de nutriments ou à l'inflammation.

. Le système nerveux entérique (SNE)

L'intestin possède son propre réseau dense de neurones, appelé système nerveux entérique. Parfois surnommé "le deuxième cerveau", le SNE régule de nombreuses fonctions intestinales, telles que la motilité, la sécrétion et la circulation sanguine locale.

  • Interaction avec le cerveau : Bien que le SNE puisse fonctionner de manière autonome, il est en communication constante avec le cerveau central, principalement via le nerf vague.

. Neurotransmetteurs et hormones

La communication cerveau-intestin n'est pas seulement électrique, elle est aussi chimique. De nombreux neurotransmetteurs et hormones jouent un rôle dans cette interaction.

  • Sérotonine : Plus de 90 % de la sérotonine du corps est produite dans l'intestin. Elle joue un rôle crucial dans la régulation de la motilité intestinale et peut également signaler au cerveau des informations sur l'état de l'intestin.

  • Autres molécules : D'autres neurotransmetteurs, tels que la dopamine et le GABA, ainsi que des hormones comme la cholécystokinine (CCK) et le peptide YY, sont également impliqués dans la communication cerveau-intestin.

. Implications cliniques

La compréhension de la communication cerveau-intestin a des implications majeures pour la médecine. Par exemple :

  • Troubles gastro-intestinaux : Des conditions comme le syndrome du côlon irritable (SCI) sont maintenant considérées comme des troubles de l'axe cerveau-intestin, où la communication entre ces deux organes est perturbée.

  • Santé mentale : Il existe des preuves croissantes que la santé intestinale peut influencer la santé mentale. Par exemple, des déséquilibres dans le microbiote intestinal peuvent être associés à des troubles tels que la dépression et l'anxiété.

En conclusion, la communication entre le cerveau et l'intestin via le système nerveux est un domaine complexe et interconnecté qui influence de nombreux aspects de notre santé et de notre bien-être. La recherche continue d'explorer ces liens, offrant de nouvelles perspectives sur la prévention et le traitement de diverses maladies.

Le système nerveux autonome

Le système nerveux autonome, également appelé système nerveux végétatif, est une composante du système nerveux périphérique. Il joue un rôle crucial dans la régulation des fonctions involontaires de l'organisme, telles que la fréquence cardiaque, la digestion, la respiration et la sécrétion glandulaire. Contrairement au système nerveux somatique, qui contrôle les mouvements volontaires, le SNA opère de manière autonome, sans intervention consciente.

Composantes du SNA :

  1. . Système nerveux sympathique (SNS) :

    • Fonction : Il est souvent associé à la réponse "combat ou fuite". Lorsqu'il est activé, il prépare le corps à répondre à une menace ou à un stress.
    • Effets : Augmentation de la fréquence cardiaque, dilatation des bronches, libération de glucose par le foie, dilatation des pupilles, inhibition de la digestion.
    • Neurotransmetteurs : Les principaux neurotransmetteurs associés au SNS sont la noradrénaline et l'adrénaline.
  2. . Système nerveux parasympathique (SNP) :

    • Fonction : Il est associé à la réponse "repos et digestion". Lorsqu'il est activé, il favorise un état de calme et de récupération.
    • Effets : Diminution de la fréquence cardiaque, stimulation de la digestion, contraction des pupilles, stimulation des glandes salivaires.
    • Neurotransmetteur : L'acétylcholine est le principal neurotransmetteur du SNP.
  3. . Système nerveux entérique (SNE) :

    • Fonction : Il est parfois appelé "le deuxième cerveau" en raison de sa complexité. Il régule la fonction digestive.
    • Localisation : Il est situé dans le tractus gastro-intestinal et est composé d'environ 100 millions de neurones.
    • Interaction : Bien qu'il puisse fonctionner indépendamment, le SNE interagit étroitement avec le SNS et le SNP pour coordonner la digestion.

Rôle du SNA dans la santé et la maladie :

Le bon fonctionnement du SNA est essentiel pour maintenir l'homéostasie, c'est-à-dire l'équilibre interne du corps. Un déséquilibre ou une dysfonction du SNA peut être associé à diverses affections, telles que le syndrome du côlon irritable, l'hypertension, le diabète et certaines maladies auto-immunes.

Régulation du SNA :

Bien que le SNA opère de manière involontaire, certaines techniques, comme la méditation, la respiration profonde et le biofeedback, peuvent aider à moduler son activité. Ces techniques peuvent être bénéfiques pour gérer le stress, l'anxiété et d'autres affections associées à une dysrégulation du SNA.

En conclusion : le système nerveux autonome est un réseau complexe qui joue un rôle vital dans la régulation des fonctions corporelles essentielles. Sa compréhension approfondie est cruciale pour la recherche médicale et la prise en charge de nombreuses maladies.

Le rôle de l'inflammation dans la communication intestin-cerveau

La communication entre l'intestin et le cerveau, souvent appelée l'axe intestin-cerveau, est une voie bidirectionnelle complexe qui joue un rôle crucial dans la santé générale et le bien-être. L'inflammation, en particulier celle qui se produit dans l'intestin, est de plus en plus reconnue comme un facteur influençant cette communication. Découvrons comment l'inflammation façonne la dynamique de l'axe intestin-cerveau.

. L'inflammation : Qu'est-ce que c'est ? 

L'inflammation est une réponse immunitaire naturelle à une blessure ou à une infection. Bien que bénéfique à court terme, une inflammation chronique ou excessive peut être délétère et est associée à de nombreuses maladies, notamment celles de l'intestin.

. L'inflammation intestinale et la barrière intestinale : 

L'inflammation chronique de l'intestin peut affaiblir la barrière intestinale, la rendant plus perméable. Cette "perméabilité accrue" permet à des molécules et à des bactéries indésirables de pénétrer dans la circulation sanguine, un phénomène souvent appelé "intestin qui fuit".

. Molécules pro-inflammatoires et le cerveau : 

Lorsque la barrière intestinale est compromise, les molécules pro-inflammatoires, telles que les cytokines, peuvent atteindre le cerveau. Ces molécules peuvent perturber la fonction cérébrale, conduisant à des changements d'humeur, de comportement et de cognition.

. Microbiote intestinal et inflammation : 

Le microbiote intestinal, composé de milliards de bactéries bénéfiques, joue un rôle essentiel dans la régulation de l'inflammation. Un déséquilibre du microbiote, appelé dysbiose, peut favoriser une inflammation intestinale, influençant ainsi la communication avec le cerveau.

. Conséquences neuropsychologiques : 

L'inflammation intestinale et les perturbations du microbiote peuvent être liées à divers troubles neuropsychologiques, tels que la dépression, l'anxiété, et même des maladies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer et de Parkinson.

6. Approches thérapeutiques : 

Comprendre le rôle de l'inflammation dans l'axe intestin-cerveau ouvre la voie à de nouvelles approches thérapeutiques. Les probiotiques, les prébiotiques et les régimes alimentaires spécifiques peuvent être utilisés pour moduler le microbiote intestinal, réduire l'inflammation et, par conséquent, améliorer la santé cérébrale.

. Recherche future : 

Bien que le rôle de l'inflammation dans la communication intestin-cerveau soit bien établi, de nombreuses questions demeurent. Les recherches futures pourraient se concentrer sur la manière dont les molécules pro-inflammatoires spécifiques influencent le cerveau et comment nous pouvons cibler ces voies pour traiter les troubles neuropsychologiques.

Conclusion : L'inflammation est un acteur central dans la communication entre l'intestin et le cerveau. En reconnaissant et en comprenant son rôle, nous pouvons développer des stratégies pour maintenir un équilibre sain de l'inflammation, favorisant ainsi une meilleure santé intestinale et cérébrale.

La sérotonine, un neurotransmetteur clé, est principalement produite dans l'intestin

La sérotonine, souvent appelée "l'hormone du bonheur", est un neurotransmetteur essentiel qui joue un rôle crucial dans la régulation de l'humeur, de l'appétit, du sommeil, de la mémoire et de nombreux autres processus physiologiques. Bien que la plupart des gens associent la sérotonine au cerveau, il est fascinant de noter que la majeure partie de cette substance est produite dans notre intestin. Plongeons dans le monde de la sérotonine intestinale et découvrons son importance.

. Production intestinale de la sérotonine : 

Plus de 90 % de la sérotonine du corps est produite dans l'intestin, plus précisément dans les cellules entérochromaffines de la muqueuse intestinale. Ces cellules détectent les changements mécaniques et chimiques dans la paroi intestinale et, en réponse, libèrent de la sérotonine.

. Rôle de la sérotonine intestinale : 

Bien que la sérotonine produite dans l'intestin ne traverse pas la barrière hémato-encéphalique pour atteindre le cerveau, elle joue un rôle vital dans la régulation de diverses fonctions intestinales. Elle est impliquée dans la régulation du péristaltisme (mouvements intestinaux), de la sécrétion de fluides et de la perception de la douleur intestinale.

. Microbiote et sérotonine : 

Le microbiote intestinal, cette vaste communauté de micro-organismes résidant dans nos intestins, influence la production de sérotonine. Certaines bactéries intestinales peuvent stimuler les cellules entérochromaffines à produire plus de sérotonine, tandis que d'autres peuvent inhiber cette production.

. Implications pour la santé : 

Un déséquilibre de la sérotonine intestinale peut être associé à diverses affections, notamment le syndrome du côlon irritable (SCI), la dépression et l'ostéoporose. Par exemple, les personnes atteintes du SCI peuvent avoir des niveaux modifiés de sérotonine intestinale, ce qui peut contribuer à leurs symptômes.

. Sérotonine et nutrition : 

L'alimentation peut influencer la production de sérotonine. Le tryptophane, un acide aminé essentiel, est le précurseur de la sérotonine. Une alimentation riche en tryptophane peut donc potentiellement augmenter la production de sérotonine. De plus, certains probiotiques et prébiotiques peuvent moduler la production de sérotonine en influençant le microbiote intestinal.

. Recherche future : 

La compréhension du lien entre la sérotonine intestinale, le microbiote et le cerveau est un domaine de recherche en plein essor. À mesure que nous en apprendrons davantage, de nouvelles stratégies thérapeutiques pourraient émerger pour traiter diverses affections liées à un déséquilibre de la sérotonine.

Conclusion : La sérotonine, bien que largement reconnue pour son rôle dans le cerveau, a une présence dominante dans l'intestin, soulignant l'importance de l'axe intestin-cerveau. La prise de conscience de l'interaction entre notre alimentation, notre microbiote intestinal et la production de sérotonine ouvre la voie à des interventions nutritionnelles et probiotiques pour améliorer la santé mentale et intestinale.

Les acides gras à chaîne courte, produits par le microbiote, ont un impact sur le cerveau

Les acides gras à chaîne courte (AGCC) sont des composés volatils produits par le microbiote intestinal lors de la fermentation des fibres alimentaires. Ces molécules, bien que petites, ont un impact significatif sur la santé humaine, en particulier sur le cerveau. Voici un développement détaillé de leur rôle et de leur influence :

. Production et types d'AGCC : 

Les AGCC sont principalement produits lorsque les bactéries intestinales fermentent des fibres alimentaires non digestibles. Les principaux AGCC produits sont l'acétate, le propionate et le butyrate.

. Passage à travers la barrière intestinale : 

Les AGCC, en raison de leur petite taille, peuvent facilement traverser la paroi intestinale et entrer dans la circulation sanguine. De là, ils peuvent atteindre divers organes, y compris le cerveau.

. Effets anti-inflammatoires : 

L'un des rôles les plus importants des AGCC, en particulier du butyrate, est leur capacité à réduire l'inflammation. Ils inhibent la production de composés pro-inflammatoires et stimulent la production de composés anti-inflammatoires. Comme l'inflammation chronique a été liée à divers troubles neurologiques et psychiatriques, les AGCC peuvent jouer un rôle protecteur contre ces conditions.

. Protection de la barrière hémato-encéphalique : 

La barrière hémato-encéphalique (BHE) est une structure qui protège le cerveau des substances potentiellement nocives présentes dans la circulation sanguine. Les AGCC, en particulier le butyrate, renforcent la BHE, la rendant moins perméable aux substances nocives.

. Production de neurotransmetteurs : 

Les AGCC peuvent influencer la production de neurotransmetteurs, qui sont des molécules essentielles pour la communication entre les neurones. Par exemple, le butyrate a été montré pour augmenter la production de neurotransmetteurs tels que la sérotonine, qui joue un rôle crucial dans la régulation de l'humeur.

. Effets sur la neuroplasticité : 

La neuroplasticité fait référence à la capacité du cerveau à se restructurer et à s'adapter en réponse à l'expérience. Les AGCC, en particulier le butyrate, favorisent la neuroplasticité en augmentant l'expression du facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF), une protéine essentielle pour la croissance et la survie des neurones.

. Rôle dans les maladies neurodégénératives : 

Les déséquilibres dans les niveaux d'AGCC ont été associés à des maladies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson. En modulant l'inflammation, en protégeant la BHE et en favorisant la neuroplasticité, les AGCC pourraient offrir une stratégie thérapeutique pour ces maladies.

Conclusion : Les acides gras à chaîne courte, bien que produits dans l'intestin, ont un impact profond sur le cerveau. Ils illustrent parfaitement le concept de l'axe intestin-cerveau, où ce qui se passe dans l'intestin peut influencer directement la santé et le fonctionnement du cerveau. À mesure que la recherche progresse, il devient de plus en plus évident que la modulation des niveaux d'AGCC pourrait offrir de nouvelles approches thérapeutiques pour divers troubles neurologiques et psychiatriques.

Probiotiques : une solution pour moduler le microbiote et influencer le cerveau ?

Les probiotiques, souvent décrits comme des "bactéries bénéfiques", ont gagné en popularité ces dernières années en tant que compléments alimentaires destinés à améliorer la santé intestinale. Mais au-delà de leur rôle dans la digestion, ces micro-organismes vivants pourraient avoir un impact profond sur le cerveau, illustrant le concept de l'axe intestin-cerveau. Examinons de plus près comment les probiotiques peuvent influencer le cerveau en modulant le microbiote intestinal.

. Qu'est-ce que les probiotiques? 

Les probiotiques sont des micro-organismes vivants, principalement des bactéries et des levures, qui, lorsqu'ils sont ingérés en quantités adéquates, confèrent des avantages pour la santé de l'hôte. Ils sont souvent trouvés dans des aliments fermentés comme le yaourt, le kéfir et la choucroute, mais sont également disponibles sous forme de compléments alimentaires.

. Probiotiques et microbiote intestinal : 

L'intestin humain abrite une communauté complexe de micro-organismes, connue sous le nom de microbiote intestinal. Les probiotiques peuvent influencer la composition et la fonction de ce microbiote, en favorisant la croissance de bactéries bénéfiques et en inhibant celle de bactéries pathogènes.

. Modulation de l'inflammation : 

L'un des mécanismes par lesquels les probiotiques peuvent influencer le cerveau est la modulation de l'inflammation. Certains probiotiques ont montré des propriétés anti-inflammatoires, réduisant la production de cytokines pro-inflammatoires et augmentant celle de cytokines anti-inflammatoires.

. Production de neurotransmetteurs : 

Étonnamment, certaines souches probiotiques peuvent produire des neurotransmetteurs ou moduler leur production par d'autres bactéries du microbiote. Par exemple, certaines bactéries produisent de la sérotonine ou du GABA, deux neurotransmetteurs clés impliqués dans la régulation de l'humeur et du comportement.

. Protection de la barrière intestinale : 

Les probiotiques renforcent la barrière intestinale, réduisant ainsi la "perméabilité intestinale" qui peut conduire à une inflammation systémique. Une barrière intestinale saine empêche les toxines et les agents pathogènes d'entrer dans la circulation sanguine, où ils pourraient affecter le cerveau.

. Résultats cliniques : 

Des études cliniques ont montré que la supplémentation en probiotiques peut avoir des effets bénéfiques sur diverses affections liées au cerveau, telles que la dépression, l'anxiété et même certains troubles neurodégénératifs. Bien que les mécanismes exacts restent à élucider, il est clair que le microbiote intestinal joue un rôle dans la santé mentale.

. Perspectives futures :

Avec la recherche en cours, il est probable que nous verrons bientôt des "psychobiotiques" spécifiquement formulés pour cibler des affections neurologiques et psychiatriques. Ces probiotiques pourraient être combinés avec des prébiotiques pour améliorer leur efficacité.

Conclusion : Les probiotiques offrent une avenue prometteuse pour moduler le microbiote intestinal et, par conséquent, influencer le cerveau. Alors que la recherche continue de dévoiler les mystères de l'axe intestin-cerveau, il est clair que notre "deuxième cerveau" dans l'intestin a beaucoup à dire sur la santé de notre cerveau principal.

Conclusion

La science nous révèle chaque jour davantage les mystères de notre corps, et la découverte du lien profond entre l'intestin et le cerveau est sans doute l'une des plus fascinantes de ces dernières années. À travers cet article, nous avons exploré les méandres de cette relation unique, mettant en lumière comment notre "deuxième cerveau" influence non seulement notre digestion, mais aussi notre humeur, nos émotions et notre comportement global.

Il est étonnant de constater que notre bien-être mental peut être influencé par ce que nous mangeons, les bactéries qui résident dans notre intestin et les interactions complexes qui se déroulent en silence dans notre ventre. Les probiotiques, prébiotiques et même les postbiotiques émergent comme des acteurs clés dans cette danse délicate, offrant des perspectives prometteuses pour la prise en charge de divers troubles mentaux et émotionnels.

Cependant, il est essentiel de rappeler que la recherche dans ce domaine est encore en cours. Bien que les premiers résultats soient prometteurs, il est crucial d'adopter une approche équilibrée, en combinant les connaissances traditionnelles avec les découvertes scientifiques actuelles. Une alimentation saine, riche en fibres et en aliments fermentés, peut être un bon point de départ pour ceux qui souhaitent explorer les bienfaits potentiels de cette connexion intestin-cerveau.

En conclusion, notre corps est un écosystème complexe où chaque élément est interconnecté. Prendre soin de notre intestin, c'est aussi prendre soin de notre esprit. Alors que la science continue de dévoiler les secrets de cette relation fascinante, nous sommes invités à repenser notre approche de la santé, en reconnaissant l'importance de l'équilibre et de l'harmonie entre tous les aspects de notre être. Embrassons cette nouvelle ère de compréhension et explorons les possibilités infinies qu'elle offre pour notre bien-être global.

Ressources :

  1. Grenham, S., Clarke, G., Cryan, J. F., & Dinan, T. G. (2011). Brain–gut–microbe communication in health and disease. Frontiers in Physiology, 2, 94.

  2. Martin, C. R., Osadchiy, V., Kalani, A., & Mayer, E. A. (2018). The brain-gut-microbiome axis. Cellular and Molecular Gastroenterology and Hepatology, 6(2), 133-148.

  3. Kelly, J. R., Kennedy, P. J., Cryan, J. F., Dinan, T. G., Clarke, G., & Hyland, N. P. (2015). Breaking down the barriers: the gut microbiome, intestinal permeability and stress-related psychiatric disorders. Frontiers in Cellular Neuroscience, 9, 392.

  4. Carabotti, M., Scirocco, A., Maselli, M. A., & Severi, C. (2015). The gut-brain axis: interactions between enteric microbiota, central and enteric nervous systems. Annals of Gastroenterology: Quarterly Publication of the Hellenic Society of Gastroenterology, 28(2), 203.

  5. Foster, J. A., Rinaman, L., & Cryan, J. F. (2017). Stress & the gut-brain axis: Regulation by the microbiome. Neurobiology of Stress, 7, 124-136.

  6. Bercik, P., Denou, E., Collins, J., Jackson, W., Lu, J., Jury, J., ... & Collins, S. M. (2011). The intestinal microbiota affect central levels of brain-derived neurotropic factor and behavior in mice. Gastroenterology, 141(2), 599-609.

  7. Rogers, G. B., Keating, D. J., Young, R. L., Wong, M. L., Licinio, J., & Wesselingh, S. (2016). From gut dysbiosis to altered brain function and mental illness: mechanisms and pathways. Molecular Psychiatry, 21(6), 738-748.

  8. Sherwin, E., Sandhu, K. V., Dinan, T. G., & Cryan, J. F. (2016). May the force be with you: the light and dark sides of the microbiota–gut–brain axis in neuropsychiatry. CNS Drugs, 30(11), 1019-1041.

  9. Jiang, H., Ling, Z., Zhang, Y., Mao, H., Ma, Z., Yin, Y., ... & Ruan, B. (2015). Altered fecal microbiota composition in patients with major depressive disorder. Brain, Behavior, and Immunity, 48, 186-194.

  10. Dinan, T. G., & Cryan, J. F. (2017). The microbiome-gut-brain axis in health and disease. Gastroenterology Clinics, 46(1), 77-89.

  11. Zhou, L., & Foster, J. A. (2015). Psychobiotics and the gut–brain axis: in the pursuit of happiness. Neuropsychiatric Disease and Treatment, 11, 715.

  12. Mayer, E. A., Tillisch, K., & Gupta, A. (2015). Gut/brain axis and the microbiota. Journal of Clinical Investigation, 125(3), 926-938.